Chalon, capitale de la fête foraine

S’il y a un adjectif qui sied à la fête foraine et son patrimoine, c’est bien celui de « vivant ». En transmettant ses pratiques, ses connaissances et ses habitudes de génération en génération, le monde forain s’est adapté aux époques sans jamais perdre son identité. Les métiers et professions perpétuent des savoir-faire et des coutumes indispensables qui assurent le patrimoine d’aujourd’hui et de demain. Depuis ses balbutiements, l’art forain a toujours occupé une place importante à Chalon. Pour comprendre ce rapport si particulier de la ville à la fête, l’Espace patrimoine présente une exposition inédite et interactive mêlant faits historiques, images d’archives et témoignages contemporains.

De foire à fête

D’abord espace privilégié d’échanges et de commerce, la foire devient au XIXe siècle un lieu festif, consacré essentiellement au divertissement : la fête foraine. L’expression n’est pourtant employée qu’au tournant des XIXe et XXe siècles. Avec la création des fêtes foraines, on commence pour la première fois à faire la « fête pour la fête ». Outre la diffusion des nouveautés de l’ère industrielle, la fête foraine offre aux populations, victimes de l’industrialisation, une échappée dans un univers de liberté, d’excès et de rêverie baroque. Après la Seconde Guerre mondiale, on constate au sein des fêtes foraines la disparition progressive de la plupart des théâtres, musées, ménageries, cinématographes et autres « entresorts » : ces spectacles se sédentarisent. Sur le champ de foire subsistent encore les jeux (loteries et tirs) mais on observe le développement d’attractions où dominent les sensations de vertige et de vitesse.

Des générations à Chalon

À Chalon, comme dans une bonne partie de l’Europe, la fête foraine est née dans l’espace urbain et s’est développée à partir de la révolution industrielle. Elle était autrefois partout dans la cité, à de multiples occasions. Aujourd’hui, pour Carnaval notamment, elle prend place dans presque tout le centre-ville, ce qui n’est pas le cas dans de nombreuses cités où les festivités sont souvent accueillies en périphérie. Cette proximité entre les forains et les Chalonnais, la municipalité la cultive chaque année. Ce n’est pas un hasard si les spécialistes de la fête que nous retrouvons aujourd’hui dans nos rues sont les enfants et petits-enfants des forains qui faisaient le bonheur de Chalon il y a déjà plusieurs décennies. Dans le film au coeur de l’exposition, certains témoignent avec tendresse et humour en évoquant toutes ces familles de nomades intimement liées à Chalon. Toujours accueillis à bras ouvert sur les bords de Saône, nos amis forains nous ont rendu la pareille en faisant de Chalon la « capitale française de la fête foraine », une formidable reconnaissance et un héritage qui est aujourd’hui notre bien commun.

Un concours qui inspire

Pour le faire fructifier, la Ville de Chalon avait lancé en début d’année un grand concours photo sur le thème de la fête foraine. Ouvert aux photographes amateurs et professionnels, l’exercice a séduit puisque près de 100 photographies originales ont été réceptionnées par le jury. Après sa délibération, 17 clichés ont été retenus pour composer l’exposition qui épousera le quai des Messageries du 9 au 30 septembre. La photo qui a récolté le plus de suffrages est également à l’honneur dans cet article (photo ci-dessus - @Nguyen Pham).

Retrouvez notre "Focus" dédié à la fête foraine ci-dessous